Séminaire N° 2

Programme

Introduction

  • Mgr Eric de Moulins Beaufort – Évêque auxiliaire de Paris, Président de la Commission Doctrinale de la Conférence des Évêques de France : L’Église catholique peut-elle comprendre quelque chose au marché et à la finance ?
    Certains, à la lecture de l’encyclique Laudato Si’ comme à l’audition de certains propos du Saint-Père, s’inquiètent que non. Pourtant, il doit y avoir moyen de « se faire des amis avec l’argent trompeur ». Comment les catholiques peuvent-ils user de l’argent pour aider l’économie à servir le bien des hommes ?

Première partie : Une initiative : Proclero

  • Don Pascal-André Dumont – Économe général de la Communauté Saint-Martin : Les réflexions sur l’éthique et la finance portées par une congrégation et un établissement financier

Deuxième partie : Élargir l’horizon de nos projets

  • Michèle Pappalardo – Magistrat à la Cour des comptes, Administrateur de la Fondation Notre Dame & Hélène Valade – Directrice du développement durable de Suez Environnement : Pratique de l’investissement socialement responsable dans les territoires et entreprises - regards croisés, regard critique
  • Olivier de Guerre – Fondateur et dirigeant de Phitrust : Investir socialement et gagner de l’argent, c’est possible
  • Échange avec un fondateur – Fondation privée sous égide de la Fondation Notre Dame

Troisième partie : Convictions et questionnements

  • Pierre-Henri Leroy – Fondateur et président de Proxinvest : Les catholiques peuvent-ils (doivent-ils) peser sur la gouvernance ?
  • Antoine de Romanet – Curé de la Paroisse Notre-Dame d’Auteuil à Paris, Co-directeur du département de recherche « Société, Liberté, Paix » du Collège des Bernardins : L’Eglise catholique américaine et l’argent «In God we trust, all the other pay cash »

Conclusion

  • Gilles Denoyel – Vice-Président de la Fondation Notre Dame
Intervention de Don Pascal-André Dumont - Communauté Saint-Martin (extrait)

Intervention de Don Pascal-André Dumont – Économe général de la Communauté Saint-Martin

 

Les réflexions sur l’éthique et la finance portées par une congrégation et un établissement financier

 

Je remercie de tout cœur la Fondation Notre Dame et ses dirigeants de m’avoir convié aujourd’hui à partager l’aventure et l’expérience courte encore (4 ans) du fond ProClero. Et pour partir vraiment du questionnement de ce séminaire, à savoir : Quels repères pour agir ? La Doctrine Sociale de l’Eglise : est-ce que c’est un bon repère ?, Est-ce que c’est un repère sur lequel on peut s’appuyer pour faire un investissement conforme à la morale ou à l’éthique.

Quand nous avons commencé cette aventure de ProClero, il s’agissait de faire un fonds éthique, au sens que les catholiques peuvent donner à ce terme. Sachant qu’il y a la démarche classique de l’investissement socialement responsable, au début nous avons pratiqué la gestion ISR la plus affinée, avec les deux filtres : un filtre d’abord d’exclusion en excluant certains secteurs d’activité comme l’armement, la pornographie, le tabac, l’alcool, les jeux d’argent, au minimum ces cinq. Et puis en sélectionnant les entreprises à partir d’un critère de Best In Class c'est-à-dire à partir des notations faites par des agences, en particulier pour la France faites par VIGEO.

Et au bout de quelque temps je me suis senti à l’étroit dans ces deux filtres. Le premier filtre d’exclusion n’est pas quelque chose qui correspond à ma posture, en tout cas personnelle de chrétien qui plus est, de prêtre, puisque j’essaie de passer mes journées à inclure.

La deuxième raison, c’est que dans le filtre Best In Class, on est contraint d’investir dans les grandes capitalisations, puisque ce sont les seules qui sont notées aujourd’hui par les agences, en tout cas par VIGEO. Et est-ce que la vocation d’un fonds comme ProClero c’est d’investir dans les grandes entreprises ?

Finalement ces deux critères me laissaient assez insatisfait, et surtout je ne voyais pas, dans ces deux filtres, où était la personne humaine. Et ça, c’est quand même le fond de la Doctrine Sociale de l’Eglise.

Donc, avec la société Meeschaert, nous avons décidé de sortir de ces deux filtres, pour partir de la Doctrine Sociale de l’Eglise, en se disant que le fonds ProClero c’est un ensemble de souscripteurs qui ont une responsabilité morale d’investisseur et ProCLero se met résolument du côté de ses investisseurs pour assumer avec eux en leur nom la responsabilité morale d’investisseur. Lorsqu’on regarde les entreprises à sélectionner, on doit avoir devant les yeux la personne humaine. [...]

Je prends un autre domaine très sensible pour l’investissement éthique, le domaine de la santé. Nous avons fait le choix d’investir dans la dépendance des personnes âgées, ceci via l’investissement dans des maisons de retraite et dans de l’équipementier médical pour le maintien des personnes âgées à domicile ; nous avons également investi dans un laboratoire qui fait de la recherche de niche sur l’allergie.

C’est pour illustrer que l’on fait des choix de cœur, des choix qui correspondent à ce que nous désirons comme chrétiens, avec en ligne de mire cette personne humaine que l’économie doit servir. [...]