Introduction
- Christophe-Ch. Rousselot – Délégué général de la Fondation Notre Dame : De la réflexion aux actes
Première partie : L'argent et l'entreprise au service de l'homme
- Jean-Marc Guesné – Directeur Ashoka France, Enseignant à HEC : Des hauts plateaux tibétains à l'innovation sociale
- Eric Boël – PDG des Tissages de Charlieu (Loire) : « L'entreprise peut être un support d'épanouissement de l'homme »
Deuxième partie : Un investissement éthique et dynamique de moyen terme
- Antoine de Salins – Trésorier de la Fondation Notre Dame, Président de la SICAV « Porteurs d'Espérance »
Benoît Vesco – Directeur général, Directeur des investissements Meeschaert Asset Management : Présentation du fonds de partage « Porteurs d'Espérance »
Troisième partie : Des regards sans frontière
- Frère Hugues Minguet – Fondateur et animateur du Centre Entreprises de Ganagobie et de l’Institut « Sens & Croissance » : La tradition monastique, une sagesse pour les défis de notre temps ?
- Barbara Ridpath – Directrice de St Paul Institute de Londres, Directrice non-exécutive de Paragon Banking Group : L’Église anglicane & l’argent
Conclusion
- Gilles Denoyel – Vice-Président de la Fondation Notre Dame
Intervention d'Eric Boël – PDG des Tissages de Charlieu (Loire)
« L'entreprise peut être un support d'épanouissement de l'homme »
La réflexion qui me semble importante par rapport à tout cela c’est de se dire que finalement l’entreprise peut et doit être un support d’épanouissement de l’être humain. Notre société, notre civilisation, c’est une civilisation basée sur l’avoir. On a inventé l’argent il y a 10 000 ans. L’argent est un extraordinaire moyen de fluidifier les échanges et ce moyen est devenu une finalité. On a inventé l’entreprise au 18e et 19e siècles, qui est un extraordinaire moyen de produire des biens et des services pour faciliter la vie des gens. Ce moyen est devenu une finalité. Cette civilisation devenue une civilisation de l'avoir a oublié l'être. L’entreprise est le support de cette civilisation. C’est elle qui produit l’avoir. Ma conviction est qu'elle peut être un support de développement de l'être.
Les deux éléments essentiels dans notre foi chrétienne relatifs au travail c’est que Dieu nous a confié la poursuite de son œuvre créatrice. L'entreprise est un des outils qui permet la poursuite de cette œuvre créatrice. Et le 2ème point c’est que Dieu a voulu l'Homme libre.
L'entreprise peut être un support : si elle respecte le bien commun, si elle poursuit un but qui sert l'homme, elle peut constituer ce support si on la voit non pas comme une finalité. Car comme nous dit la pensée sociale chrétienne, la seule finalité c’est de faire grandir tous les hommes et tout l'homme. Si on a au fond de nous cette conviction, on doit pouvoir avancer vers une entreprise qui fait grandir l’homme.
Je vais essayer de le dire de manière plus concrète. Notre entreprise est une petite PME, nous sommes 70. Nous avons 4 auto-entreprises qui se sont créées, qui font à peu près 40 % du chiffre, donc à l’initiative de salariés. Ils ont eu des idées et on les a accompagnés comme une start-up, si ce n’est qu'il n’y a pas de nouvelle raison sociale, ils sont complètement intégrés à l’entreprise. Par contre ils ont un compte d’exploitation séparé. Ils gèrent leurs business, ils embauchent… etc. C’est vraiment un centre de profit tout à fait identifié.
On a également depuis 15 ans, une équipe de création, puisque nous sommes tisseurs. Notre métier c'est d’acheter du fil et de le transformer en tissu. Nous avons des métiers Jacquards, on est évidemment dans un métier qui est touché de plein fouet par la mondialisation. Et on est toujours là, notamment, parce qu'on a une équipe de création qui depuis 15 ans maintenant, est au trois-quart en télétravail. C’est-à-dire que notre métier c’est de faire des nouveaux tissus sur le marché de l'habillement féminin.
Par chance personne ne pourra jamais comprendre le processus d'achat d’une femme dans un magasin. Donc c'est un mystère total et ça restera mystérieux aussi longtemps qu’il y aura des femmes sur cette terre… Donc il faut du « juste-à-temps », et il faut créer. Si on crée vite et qu'on livre vite, on est capable de vendre malgré la concurrence de la Chine et de l'Inde… Parce qu'on est juste au bon moment et qu'on livre vite.
Cette équipe de création (15 personnes), elles sont en télétravail sans objectif, sans contrôle. Elles gèrent leur temps absolument comme elles veulent, elles sont en direct avec les clients. Ça s’est fait naturellement. Et avec le recul je suis convaincu que c'est une des raisons qui ont fait que nous avons pu sauvegarder nos savoir-faire, développer notre entreprise, la faire croître… etc. Et rester agile sur ce marché qui a été l’un des premiers à être mondialisé.
L'idée c'est de se dire : si on arrive à faire grandir l’homme et la femme dans l'entreprise, dans sa dignité, dans sa plénitude d'être humain, on a accès à une capacité qui est extraordinaire. Le but c’est de faire les faire grandir comme cela, et par surcroît, on aura des résultats économiques.
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